Coach de vie et collations : la CMQ dévoile les conclusions de l’enquête sur les dépenses contestées des conseillers Galati et Warnet
Alors que l’année 2025 commence à peine, le rapport publié le 6 janvier par la Commission municipale du Québec (CMQ) vient clore une enquête sur des dépenses considérées « inadmissibles » qu’ont réclamées deux conseillers municipaux de Laval. S’il en ressort que Paolo Galati et Alexandre Warnet ont désormais remboursé les sommes en cause, plusieurs zones grises persistent, notamment quant à la responsabilité de chacun et à la révision future du règlement qui encadre l’utilisation des fonds publics.
Des remboursements après la médiatisation
Paolo Galati : collations, produits d’épicerie et matériel informatique
• Des achats jugés non essentiels
Élu sous la bannière d’Action Laval (il siège depuis comme indépendant), M. Galati avait réclamé le remboursement d’environ 607 $ en collations (barres granola, miel, Nutella, graines, etc.), justifiant ces dépenses par des rencontres avec des citoyens. La CMQ rappelle toutefois que ce type de produits relève généralement de l’allocation annuelle (19 422 $) dont bénéficient déjà les élus pour couvrir leurs dépenses courantes.
• Un remboursement volontaire… après l’éclatement de l’affaire
Bien que M. Galati ait remboursé les sommes, il ne s’est pas publiquement excusé à ce jour et a plutôt évoqué la responsabilité partagée de la Ville, qui aurait « laissé passer » ces demandes de remboursement sans sourciller.
• Matériel informatique Apple
Le rapport mentionne aussi des achats de près de 16 000 $ en appareils Apple (ordinateurs, montres, etc.). S’ils ne contreviennent pas techniquement au règlement tel qu’il est rédigé, la CMQ recommande à la Ville de Laval de prioriser le matériel dont elle dispose déjà avant d’en permettre l’acquisition.
Alexandre Warnet : une formation de « coach de vie »
• Un élu du parti du maire
Alexandre Warnet, conseiller de Laval-des-Rapides et membre du Mouvement lavallois (le parti du maire Stéphane Boyer), est chargé des dossiers d’environnement à l’hôtel de ville. Il avait réclamé le remboursement de 5800 $ pour une formation de coaching de vie, arguant qu’elle lui servirait à « développer ses compétences de leadership » en tant qu’élu.
• Remboursement après les révélations dans les médias
Bien que la CMQ ne dévoile pas l’identité précise des conseillers dans son rapport, les faits allégués correspondaient clairement à la situation de M. Warnet, déjà exposée dans plusieurs articles (Journal de Montréal, Courrier Laval). L’élu aurait choisi de rembourser la somme seulement après que la controverse eut éclaté dans la presse, et non suite à la simple communication du rapport.
• Pas d’excuses publiques
M. Warnet ne s’est pas explicitement excusé, préférant évoquer le « manque de clarté » du règlement de la Ville pour expliquer la situation. Sur les réseaux sociaux, il a aussi invoqué la notion d’« intégrité », ce qui a suscité des réactions critiques, dont une lettre d’opinion soulignant qu’il aurait pu faire preuve d’une plus grande exemplarité.
Un règlement trop vague et une faute « partagée » ?
Le rapport de la CMQ souligne que le règlement de la Ville de Laval qui encadre les dépenses de recherche et de soutien (d’un montant de 1,1 M $ par année) comporte des « faiblesses » et laisse « une grande place à l’interprétation ». Les deux élus mis en cause ont d’ailleurs tous deux laissé entendre qu’il incombait partiellement à l’administration municipale de vérifier et refuser les dépenses litigieuses.
Or, la Commission rappelle que les élus doivent eux-mêmes faire preuve de « jugement » et « d’exemplarité ». Les griefs mis de l’avant (frais de nourriture ou formation à visée personnelle) ne devraient pas, en principe, être remboursés à même le budget municipal si d’autres allocations existent ou si la formation profite surtout à des fins privées.
Quel avenir pour Paolo Galati et Alexandre Warnet ?
Galati toujours écarté d’Action Laval
• Siégeant comme indépendant
Rappelons que M. Galati avait convenu avec le chef d’Action Laval, Achille Cifelli, de se retirer le temps que la CMQ mène son enquête. Or, M. Cifelli a confirmé au Courrier Laval (8 janvier) que l’élu de Saint-Vincent-de-Paul ne serait pas réintégré au caucus, évoquant la nécessité de « protéger l’équipe » et la perception publique.
Warnet demeure au parti du maire
• Toujours membre du Mouvement lavallois
Contrairement à M. Galati, Alexandre Warnet conserve son poste au sein du parti du maire Stéphane Boyer. Si le conseiller responsable de l’environnement a remboursé la formation, il n’a pas fait d’excuses claires dans l’espace public, renvoyant la faute à la réglementation municipale trop permissive et qu’il trouvait la formation nécessaire à sa tâche d’élu.
Des élections municipales en novembre 2025
Ces polémiques surviennent à moins d’un an de la prochaine élection municipale, prévue en novembre 2025. Les répercussions de ces scandales pourraient peser sur la confiance accordée aux différents partis et conseillers en place. D’un côté, Action Laval, première opposition cherche à se positionner comme une alternative à l’administration de Stéphane Boyer ; de l’autre, le Mouvement lavallois doit gérer ce dossier d’image troublée pour éviter de voir son électorat se détourner.
Conclusion : la ville promet des ajustements
La Ville de Laval a indiqué, dans un communiqué, accueillir favorablement les recommandations de la Commission municipale. Une équipe mixte (Finances et Affaires juridiques) planchera donc sur une révision rapide du règlement encadrant le budget de recherche et de soutien.
En attendant, si les élus Galati et Warnet ont maintenant tourné la page en remboursant respectivement 607 $ et 5800 $, ils n’ont pour l’instant offert aucune excuse publique véritablement explicite. Au contraire, tous deux invoquent une « responsabilité partagée » avec l’administration, laquelle, selon eux, aurait dû mieux contrôler la légitimité de leurs réclamations.
