Carré Laval : Éco-quartier ou coup de communication en pleine crise ?
À peine sorti des cartons, le projet du Carré Laval, un éco-quartier prévu au cœur de la ville, suscite déjà de vives discussions. Destiné à symboliser l’innovation urbaine à Laval, ce projet de grande envergure, déjà présenté dans un précédent article du journal, prendra place sur l’ancienne carrière Lagacé, un terrain appartenant à la ville depuis les années 1980. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’un projet de développement est annoncé à cet endroit, chaque tentative précédente s’étant soldée par un échec. Le maire a annoncé que la phase initiale comprendra plus de 1000 logements, dont 500 logements abordables, livrables d’ici 2029. Ce projet sera réalisé en partenariat avec la Société de développement Angus (SDA), un organisme à but non lucratif, considéré par l’administration comme le partenaire idéal pour cette initiative.
Les critiques de l’opposition persistent
Dans notre premier article sur le sujet, nous avions déjà mentionné les inquiétudes de l’opposition concernant le timing de cette annonce. Ces critiques n’ont fait que s’intensifier, notamment sur le caractère électoraliste du projet. Selon les membres de l’opposition, l’annonce aurait dû être reportée en raison des inondations dévastatrices du 9 août qui ont touché des milliers de Lavallois. De plus, comme le soulignait déjà Isabelle Piché, conseillère municipale de Saint-François l’absence d’un plan financier détaillé suscite des interrogations. Plusieurs élus estiment qu’il est difficile de juger de la viabilité du projet sans connaître précisément les coûts et les ressources nécessaires, d’autant que certains craignent que le projet mobilise des ressources municipales déjà surchargées.
Un mauvais timing selon l’opposition
Au conseil municipal du 9 septembre, le Mouvement Lavallois a voté fièrement en faveur du projet, tandis que le Parti Laval, bien que critiquant le timing, a aussi soutenu l’entente avec la Société de Développement Angus (SDA), officialisant ainsi le Carré Laval. En revanche, Action Laval a voté contre, dénonçant le moment choisi et le manque de solutions immédiates pour les sinistrés des inondations. Cependant, l’annonce en grande pompe a été faite le même jour au matin dans le somptueux Hôtel Times, en présence de dizaines de fonctionnaires et du ministre responsable de la région de Laval. Cette mise en scène a suscité de vives réactions. Dès la publication de l’annonce sur les réseaux sociaux du maire, le projet a généré des dizaines de commentaires négatifs de la part des citoyens, qui, comme l’opposition, voient d’un mauvais œil le choix du moment. Alors que la ville traverse une crise sans précédent, cette annonce est perçue comme malvenue. Selon un article de TVA Nouvelles, les inondations du 9 août représentent la crise la plus coûteuse liée aux changements climatiques de l’histoire du Québec, avec des dommages assurés s’élevant jusqu’à 2,5 milliards de dollars, selon le Bureau d’assurance du Canada.
Des citoyens abasourdis par l’annonce
Plusieurs citoyens sur place au conseil municipal de septembre se sont dits extrêmement surpris par cette annonce, alors qu’ils estiment que le maire n’a offert aucune solution concrète pour les aider à traverser cette crise. Rappelons que plusieurs milliers de foyers lavallois ont été inondés suite à la tombée historique de plus de 170 mm de pluie apportée par la tempête Debby sur Laval. Face à l’absence de réponse claire concernant les infrastructures ou les mesures d’aide aux sinistrés, cette annonce a été perçue comme une tentative maladroite de détourner l’attention des problèmes urgents.
Claude Larochelle, chef par intérim du Parti Laval, a exprimé son désaccord avec les priorités du maire lors de l’événement à l’Hôtel Times:
« Je dois vous avouer être surpris de me retrouver ici aujourd’hui pour ce genre d’annonce ! Laval traverse actuellement une des plus grandes crises de son histoire, avec des milliers de Lavallois touchés par les inondations du 9 août dernier. Alors que les détritus jonchent encore les rues, le maire nous réunit pour nous vendre un rêve ! Cela en dit long sur ses priorités ! »
Un développement à suivre de près
Alors que l’administration défend le Carré Laval comme un modèle de développement durable, les critiques de l’opposition ne faiblissent pas. Les citoyens et les élus attendent désormais de voir comment l’administration municipale répondra à ces préoccupations, notamment en ce qui concerne le calendrier de livraison des logements et les coûts liés à ce projet. Comme nous l’avions souligné dans notre première analyse, la lenteur des projets de logements sociaux à Laval contraste fortement avec celle d’autres villes québécoises.