Une participation citoyenne historique au conseil municipal de septembre: une séance sous haute tension
Chaque mois, le conseil municipal de Laval se réunit pour une assemblée où émergent souvent des enjeux qui échappent aux équipes municipales et aux élus. Les préoccupations des citoyens sont variées, influençant les décisions de l’administration. Durant chaque séance, une période est consacrée aux questions des citoyens, suivie de l’ordre du jour, allant des affaires nouvelles à l’octroi de contrats de construction.
Depuis plus de deux ans, le journal assiste régulièrement aux assemblées municipales. Rares sont les fois où la salle principale a été comble. Pourtant, lors de la séance du 9 septembre, plus de 100 personnes se sont présentées dès le début, nécessitant l’ouverture de deux salles de débordement. Une participation historique, largement motivée par le mécontentement autour de la gestion des inondations du 9 août et de l’inefficacité des infrastructures, telles que les aqueducs, les stations de pompage et les surverses. La majorité des présents étaient des sinistrés ou avaient des proches affectés par les inondations, témoignant de la gravité de la situation et de leur impuissance face à cette crise.
Après l’intervention iconique du militant surnommé « l’irréductible lavallois » Pierre Anthian, dont on se demande toujours ce qu’il nous prépare. Ce dernier a choisi cette fois de s’aligner sur les enjeux actuels en exprimant la gratitude des citoyens épargnés par les inondations. À l’aide d’une pancarte adressée à certains élus, il les a remerciés d’avoir préservé des milieux naturels et boisés, qui ont joué un rôle crucial dans la rétention d’eau.
Les citoyens ont multiplié les questions, dépassant largement le temps alloué. Insatisfaits des réponses, beaucoup ont perçu les interventions des élus, et en particulier celles du maire, comme étant purement politiques, certains allant jusqu’à qualifier leurs propos de langue de bois. Des témoignages émouvants se sont succédé, tandis que certaines questions cruciales restaient sans réponse.
Parmi les voix les plus marquantes, celle de Marilou Bergeron, représentante des citoyens sinistrés de plus de 79 maisons situées dans plusieurs rues du quartier Vimont, s’est démarquée. Arrivés en très grand nombre, ces citoyens, dont une grande partie étaient présents à la séance, espéraient que la force du groupe leur permettrait enfin de se faire entendre sur les problématiques qui persistent dans leur quartier.
Mme Bergeron, dont la maison a été inondée à trois reprises, a également subi plusieurs refoulements d’égouts « contrôlés », une situation qu’elle dénonce depuis plusieurs années sans obtenir de réponse satisfaisante. Elle a mis en lumière l’obsolescence flagrante d’une pompe de drainage située sur la rue Marc, censée être automatisée mais qui, selon elle, nécessite en réalité une intervention manuelle par les employés de la ville à chaque épisode de fortes pluies.
« Nous devons appeler la ville chaque fois que la pompe doit être activée manuellement. C’est un problème qui perdure depuis des années, et rien n’a été fait, » a-t-elle déclaré avec déception et découragement.
Mme Bergeron a réclamé l’installation immédiate d’une nouvelle pompe de drainage, ainsi que le remplacement anticipé des tuyaux d’évacuation, prévu seulement pour 2027. Elle a également soulevé un problème pressant concernant l’assurance habitation : « Les assureurs refusent d’assurer nos domiciles, car le problème vient de la ville. Tant que les travaux nécessaires ne seront pas effectués, ces maisons ne seront plus assurables. »
À la suite de la séance, elle a déclaré que son groupe était profondément dégoûté par la réaction de la ville, soulignant même un manque de respect et de sensibilité de la part de celle-ci. Certains membres du groupe seraient même frustrés et en colère en raison des réponses reçues.
L’équipe du maire a présenté plusieurs mesures, comme des investissements dans des bassins de rétention d’eau, en lien avec le récent code de l’urbanisme. Cependant, parmi les revendications des citoyens, on retrouvait des demandes de compensation financière pour les sinistrés ou une réduction des taxes municipales.
Des réponses tranchées et des propositions contrastées
« La réponse du maire et de son équipe a été catégorique : « Non, cela coûterait environ 250 millions de dollars. » Face à cette position, les élus d’Action Laval ont souligné que les priorités de la ville devraient être réévaluées et ajustées. Ils ont proposé de réorienter des fonds en coupant dans certains méga-projets, afin de compenser financièrement les citoyens sinistrés, conformément à une proposition adoptée qui prévoit d’examiner la possibilité de dédommager les résidents touchés par les inondations. De son côté, le Parti Laval s’est engagé en déposant une proposition au conseil municipal, qui doit être discutée le mois prochain, pour demander une enquête d’experts indépendants sur les incidents survenus lors de la tempête Debby. Ils ont également lancé une pétition qui a déjà recueilli plus de 1 000 signatures en 24 heures, soulignant que le simple post-mortem du maire ne suffira pas pour obtenir les réponses attendues. »
Malgré le mécontentement général, la séance est restée calme, la présidente de séance, Madame Macedo, intervenant à plusieurs reprises pour appeler au calme.
Lors de cette séance marquée par une mobilisation citoyenne sans précédent, notre rédaction était la seule lavalloise sur le terrain, interrogeant de nombreux citoyens et élus pour recueillir leurs points de vue et témoignages.
Erratum : Des modifications ont été apportées concernant la prise de parole de la représentante Marilou Bergeron et les réactions suite aux réponses données par les élus.