Conseil municipal du 1er octobre: Entre fuites d’eau et fuite d’un élu
Le conseil municipal de Laval, instance décisionnelle cruciale pour la gestion de la ville, se réunit régulièrement pour débattre et adopter des résolutions affectant la communauté. C’est un espace où les élus discutent des projets, des budgets et des politiques municipales. Surtout, c’est un lieu ouvert où chaque citoyen a le droit de s’exprimer, poser des questions et interpeller directement leurs représentants sur les enjeux qui les concernent.
Une scène inhabituelle : le conseiller Galati joue à cache cache avec les médias
Lors du conseil municipal du 1er octobre, une scène surréaliste a captivé l’assemblée. Le conseiller Paolo Galati, visiblement déterminé à éviter les médias, a multiplié les stratagèmes pour esquiver les questions embarrassantes. On apprend qu’il est même allé jusqu’à se dissimuler derrière des rideaux, transformant le lieu en terrain de jeu digne d’une partie de cache-cache enfantine. Cette attitude a suscité l’étonnement et l’indignation des citoyens présents.
Rappelons que M. Galati fait l’objet de critiques pour des dépenses jugées excessives, incluant l’achat de produits électroniques haut de gamme et d’articles personnels avec des fonds publics, comme rapporté précédemment dans notre article sur le sujet.
Des conseillers sous le feu des projecteurs
Les conseillers municipaux Alexandre Warnet et Paolo Galati, tous deux visés par des enquêtes, ont choisi de ne pas commenter les allégations portées contre eux. M. Warnet a renvoyé les questions à une publication sur sa page Facebook, ce qui a provoqué la réaction d’un citoyen de Laval-des-Rapides qui a jugé cette réponse comme étant de la langue de bois.
De son côté, le conseiller Paolo Galati a évité les médias en arrivant avant tout le monde et en quittant la salle par une porte dérobée, allant jusqu’à se cacher derrière des rideaux pour échapper aux questions du journaliste Kevin Crane-Desmarais de TVA Nouvelles.
Le journaliste a également interrogé le conseiller Vasilios Karidogiannis sur ses nombreux déplacements à l’étranger payés avec le fonds de recherche et de soutien, dont récemment un déplacement à Dubaï. En tant que président du Comité consultatif sur les transports et la mobilité durable de Laval, qui serait inactif depuis plusieurs années, ces voyages soulèvent des questions. Bien que M. Karidogiannis ne soit pas actuellement sous enquête, ce ne serait pas la première fois qu’il ferait l’objet d’un tel examen. En 2016, selon un article de La Presse publié le 30 mai, il avait été visé par une enquête de la Commission municipale du Québec (CMQ) pour de possibles manquements éthiques. Le Bureau d’intégrité et d’éthique de Laval (BIEL) avait alors indiqué qu’il aurait suggéré publiquement utiliser son statut de politicien pour influencer les décisions de la Régie des alcools en faveur d’un restaurant montréalais lié à des activités criminelles. Ensuite, une décision de la commission municipale du Québec le jugeant « imprudent ».
Inondations du 9 août : la frustration des citoyens persiste
Plusieurs citoyens touchés par les inondations du 9 août sont revenus en grand nombre pour exprimer leur mécontentement face au manque d’action de la ville. Parmi eux était de retour Marilou Bergeron, représentante de plusieurs rues et sinistrée plusieurs fois et pas que dû à des situations extraordinaires.
« Ce n’est pas juste la tempête Debby, c’est à chaque fois qu’il y a une forte pluie », a-t-elle souligné, dénonçant le dysfonctionnement récurrent de la station de pompage de la rue Marc. Les résidents vivent dans la peur constante de quitter leur domicile lors de précipitations, craignant de retrouver leur maison inondée à leur retour.
Malgré l’installation de clapets anti-retour, de pompes, et même par certains des travaux coûteux tels que le remplacement des drains français, les résidents continuent de subir des dommages importants. Les compagnies d’assurances refusent désormais de couvrir leurs domiciles tant que des actions concrètes ne seront pas entreprises par la ville.
« Nous devons appeler la ville chaque fois que la pompe doit être activée manuellement. C’est un problème qui perdure depuis des années, et rien n’a été fait », a déclaré Mme Bergeron avec déception.
Elle a vivement invité le maire à constater l’ampleur des dégâts causés par ce qu’elle qualifie d’inaction. « Qu’il vienne constater les dégâts, qu’il vienne voir notre réalité et qu’il frappe à chaque porte. Moi, j’ai vu des photos d’horreur dans certains domiciles, de l’eau souillée et brune remplissant la moitié du sous-sol.« , a-t-elle lancé, critiquant les réponses du maire qu’elle juge être de la « langue de bois« .
Les citoyens estiment que leur situation d’urgence n’est pas entendue par l’administration municipale. Le maire refuse de déroger à l’échéancier prévu, affirmant que la ville attend des permis environnementaux pour l’installation d’une pompe temporaire, qui pourrait être placée au rond-point de la rue Gruyères. Les résidents suspectent que la pompe sur la rue Marc soit hors d’usage et s’inquiètent des délais prolongés jusqu’en 2027 pour une solution permanente.
Lors de la séance, Marilou Bergeron a posé trois questions aux autorités :
- Est-ce que la nouvelle pompe aura une génératrice ?
La réponse a été affirmative. - Pourquoi la pompe n’a-t-elle pas fonctionné ?
Les citoyens ont estimé que la réponse était évasive, jugeant que les autorités ont « baragouiné » sans apporter de clarification. - Allez-vous faire quelque chose ?
La réponse fut que tout serait fait comme prévu, avec l’installation d’une pompe temporaire au printemps 2025 et la réfection des tuyaux en 2027. Sauf qu’aucune date n’a été donnée concernant la pompe temporaire.
Ce témoignage fait écho à un précédent article de Média Laval publié le 11 septembre dernier, où Mme Bergeron avait déjà exprimé sa frustration face à l’inaction municipale et les défis liés à l’assurance habitation. Les résidents appellent à des actions immédiates pour résoudre une situation qu’ils jugent intenable.
Parc Pie-X : controverse autour du réaménagement
Le projet de réaménagement du Parc Pie-X, estimé à près de 23 millions de dollars, continue de susciter des inquiétudes au sein de la communauté. Selon le comité de citoyens, plusieurs enjeux demeurent, notamment l’élargissement des passages urbains, les questions de santé et de sécurité, ainsi que le manque de consultation publique.
Le comité, qui revient depuis plusieurs mois à chaque conseil municipal, exprime le sentiment de ne pas être écouté par l’administration. « Nous avons l’impression de parler dans le vide », déclare un membre du comité. « Malgré nos interventions répétées, nos préoccupations ne sont pas prises en compte. »
Les résidents avaient initialement exprimé leur inquiétude concernant l’application du droit de préemption sur des résidences unifamiliales habitées, ce qui avait créé une incertitude pour les propriétaires. Bien que le maire ait promis que ce droit ne serait pas utilisé à nouveau, le stress vécu par cette situation reste encore vif chez certains.
Même si la ville assure aux citoyens que cela ne se reproduira pas, l’expérience a pu être traumatisante pour bon nombre de propriétaires visés par le droit de préemption.
De plus, l’élargissement prévu de cinq passages urbains sur six soulève des questions. Les citoyens proposent une largeur uniforme de 24 pieds pour tous les passages afin d’assurer l’équité, la sécurité et la préservation de la végétation existante. Ils déplorent le manque de réponses claires de la part de la ville concernant les raisons pour lesquelles certains passages sont inclus dans le projet et d’autres non, alimentant un sentiment de discrimination.
Des préoccupations liées à la santé et à la sécurité sont également exprimées, notamment le risque d’exposition à la fumée secondaire et le danger potentiel d’incendies à proximité des résidences, surtout avec la présence de haies de cèdres. Le comité salue toutefois une proposition visant l’interdiction de fumer dans les passages urbains, y voyant un pas dans la bonne direction pour atténuer certains risques.
Enfin, les citoyens critiquent vivement le manque de consultation publique dans le cadre de ce projet majeur. Ils soulignent que la seule consultation effectuée a été réalisée auprès de jeunes présents dans le parc par des employés municipaux munis d’iPads. Selon le comité, cette démarche est insuffisante, car les jeunes consultés ne connaissaient pas les enjeux du projet.
« C’était une consultation purement aléatoire, et les citoyens du quartier, qui seront véritablement impactés, n’ont pas été consultés », avait déploré un membre du comité.
« Si nous avions été consultés dès le départ, nous aurions pu travailler ensemble pour trouver des solutions bénéfiques pour tous. Au lieu de cela, nous nous sentons ignorés et mis de côté. »
Étant donné la complexité et l’importance de ce dossier, nous prévoyons publier prochainement un article détaillé pour informer au mieux nos lecteurs des développements entourant le réaménagement du Parc Pie-X.
Les citoyens regrettent que leurs interventions répétées au conseil municipal soient perçues par certains comme du « chialage », alors qu’ils cherchent simplement à être entendus et à participer activement aux décisions qui affectent leur communauté.
Carré Laval : divergences sur le calendrier des travaux
Le projet de décontamination du Carré Laval a également été abordé lors de la séance. Un premier pas concret a été fait avec l’octroi du contrat de déblayage, qui permettra de déterminer le niveau de contamination du terrain et de procéder à sa décontamination. Ce contrat est financé grâce à une subvention provinciale de 10 millions de dollars accordée en 2020 par le gouvernement du Québec, mais qui n’avait pas encore été utilisée jusqu’à présent.
Le maire a annoncé que les premiers logements pourraient voir le jour dans 2 à 3 ans. Cependant, Madame Piché et d’autres élus rappellent que l’estimation initiale était plutôt de 5 ans. Bien que ce premier pas soit encourageant, des questions subsistent quant au respect des échéanciers et à l’avancement réel du projet, surtout étant donné le temps écoulé depuis l’octroi de la subvention.
Les élus de l’opposition et certains citoyens s’interrogent sur les raisons du retard dans l’utilisation des fonds provinciaux et la mise en œuvre du projet. Ils expriment le souhait que la décontamination et le développement du Carré Laval se déroulent de manière transparente et efficace, afin de répondre aux besoins en logements et de revitaliser ce secteur important de la ville.
Autres points marquants
- Enquête indépendante sur les infrastructures : Une proposition d’enquête indépendante sur l’état des stations de pompage a été présentée, mais le point a été ajourné et sera discuté ultérieurement.
- Interactions tendues entre les élus : La séance a été marquée par des échanges vifs entre certains élus, notamment autour des sujets de la Fête nationale et du Carré Laval que le maire souhaitait fortement que les élus de l’opposition approuvent.
- Présence médiatique notable : Le journaliste Kevin Crane-Desmarais de TVA a attendu le conseiller Galati pendant plusieurs heures, reflétant l’intérêt médiatique pour les affaires municipales actuelles.
Le conseil municipal du 1er octobre reflète les préoccupations croissantes des citoyens face aux enjeux d’infrastructures, de transparence et de participation démocratique. Les résidents attendent des actions concrètes et des réponses de la part de leurs élus pour améliorer leur qualité de vie et renforcer la confiance envers l’administration municipale.