Neurodiversité, médication et boissons énergisantes : une publication linkedin alimente un débat international

Une publication diffusée sur LinkedIn par Sarah DeGrâce, cofondatrice de l’organisme INSPPI (Innovation et Neurodiversité pour une Société Plurielle, Prospère et Inclusive), a suscité une importante vague de réactions au cours des derniers jours, relançant le débat sur les interactions entre les médicaments utilisés pour le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et les boissons énergisantes.
Une publication liée à un drame récent
Le 14 décembre, Sarah DeGrâce a partagé sur son compte LinkedIn une publication faisant référence au décès de Zachary, un adolescent neurodivergent de 15 ans, survenu le 12 janvier 2024 après la consommation d’une boisson énergisante combinée à la prise de Biphentin, un médicament prescrit pour le TDAH. Cette publication faisait écho à un reportage diffusé le 12 décembre 2025 par Radio-Canada Enquête, intitulé Red Bull et Biphentin : le cocktail qui a tué Zachary.
Dans son rapport, la coroner Denyse Langelier conclut que le décès serait probablement attribuable à une arythmie cardiaque maligne, survenue chez un adolescent au cœur morphologiquement normal, mais sous l’effet combiné de la caféine et du méthylphénidate. Elle y précise qu’il serait déconseillé de mélanger ce médicament avec des boissons énergisantes, en raison des interactions potentielles entre les stimulants.
Une diffusion virale inattendue

Selon Sarah DeGrâce, l’objectif de sa publication était avant tout de sensibiliser son réseau aux effets secondaires possibles et aux interactions médicamenteuses, particulièrement dans les milieux de travail et d’études où la consommation de caféine est répandue. Elle indique avoir été surprise par l’ampleur de la diffusion.
En moins de 24 heures, la publication aurait rejoint près de 100 000 personnes sur linkedin, un chiffre qui était en constante augmentation le 15 décembre. Cette visibilité soudaine s’est accompagnée d’un volume important de commentaires, provenant notamment du Québec, du Canada et de la France.
Un débat polarisé autour de la médication
Parmi les réactions, certains commentaires ont remis en question l’usage des médicaments pour le TDAH, appelant à privilégier des approches non médicamenteuses. D’autres intervenants ont au contraire appelé à la prudence, soulignant les risques de généralisation et rappelant que la médication peut jouer un rôle essentiel dans le quotidien de nombreuses personnes.
Des professionnelles et professionnels de divers horizons, dont des parents, des intervenants sociaux et des spécialistes de l’éducation, ont exprimé des points de vue divergents. Certains ont insisté sur l’importance de l’accompagnement global et de l’information, tandis que d’autres ont rappelé que la médication peut, dans certains cas, améliorer significativement la qualité de vie.
Une prise de parole ancrée dans l’expérience personnelle

Jointe le 15 décembre par Média Laval, Sarah DeGrâce souligne que cette réaction massive témoigne d’un besoin réel de sensibilisation. Elle précise prendre elle-même une médication pour le TDAH, qu’elle considère comme aidante dans son quotidien. Elle insiste sur le fait que son intention n’était pas de remettre en cause les traitements, mais de souligner l’importance de l’information et de la prévention.
Diagnostiquée autiste à l’âge adulte, Sarah DeGrâce est également impliquée professionnellement dans l’écosystème entrepreneurial, travaillant au soutien des programmes d’incubation du Centech Montréal, un incubateur universitaire spécialisé en technologies de pointe.
Un enjeu de santé publique et d’information
Le cas de Zachary, rendu public par sa famille, met en lumière un phénomène encore peu connu, celui de la potentialisation des effets lorsqu’un psychostimulant est combiné à des stimulants comme la caféine. Des experts cités par Radio-Canada rappellent que ces interactions ne sont pas toujours abordées de façon systématique lors de la prescription.
Le débat, qui dépasse désormais les frontières du Québec, soulève des questions sur l’accès à l’information, l’éducation à la santé, la responsabilité des industries concernées et l’accompagnement des personnes neurodivergentes et de leurs proches.
Pour Sarah DeGrâce, cette mobilisation inattendue confirme l’importance de poursuivre les efforts de sensibilisation, dans un esprit de nuance et de dialogue, autour de la neurodiversité et des réalités qui y sont associées.
Fondé par et pour des personnes neurodivergentes, INSPPI (Innovation et Neurodiversité pour une Société Plurielle, Prospère et Inclusive) est un organisme à but non lucratif québécois lancé en 2024-2025. Sa mission vise à renforcer le pouvoir d’agir des personnes neurodivergentes, notamment autistes ou vivant avec un TDAH, en leur offrant des outils, des espaces sécuritaires, des plateformes de réseautage et de visibilité, ainsi qu’un soutien à leurs initiatives.