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Politique

Scandale au Mouvement Lavallois : manœuvres frauduleuses et silence du maire Boyer | Vers une démission imminente ?

Des publicités partisanes auraient été financées illégalement le Mouvement Lavallois Équipe Stéphane Boyer a ignoré lavertissement du DGEQ en octobre 2024 et poursuivi ses manœuvres frauduleuses
Stéphane Boyer maire actuel de Laval et candidat à la mairie en 2025 ainsi que lex maire Marc Demers qui a dirigé le Mouvement Lavallois pendant 8 ans avant de le confier à M Boyer en 2021
Source Facebook MarcDemersLaval

Un parti à bout de souffle avant les élections de novembre 2025

À neuf mois des élections municipales, le Mouvement Lavallois et son chef, Stéphane Boyer, sont dans la tourmente. Au pouvoir depuis plus de 11 ans, Boyer et son parti, qui dominent la scène politique lavalloise depuis 2013, montrent des signes d’usure et accumulent les controverses.

Déjà affaibli par la grogne syndicale, avec des tensions croissantes avec les cols bleus et la Fraternité des policiers, et critiqué pour avoir refusé une enquête indépendante sur la gestion de crise de la tempête Debby, Boyer se retrouve maintenant éclaboussé par un scandale politique majeur.

L’enquête, publiée par le Journal de Montréal et confirmée par des documents obtenus par TVA Nouvelles, démontre l’utilisation de manœuvres électorales frauduleuses avec l’utilisation de fonds publics par le Mouvement Lavallois – Équipe Stéphane Boyer pour financer des publicités partisanes.

Le DGEQ a officiellement conclu que ces dépenses ne respectaient pas la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités (LERM). Le Mouvement Lavallois – Équipe Stéphane Boyer, dirigé par Stéphane Boyer depuis 2021, avait poursuivi ces pratiques malgré un avertissement formel du DGEQ en octobre 2024.

Tiré de la page Facebook publique de M Demers on y voit lui et Stéphane Boyer en 2021 à la veille des élections montrant leur lien très rapproché Source Facebook MarcDemersLaval

La chefferie du parti avait été confiée à Boyer et à l’ancien maire Marc Demers, ex-policier élu en 2013, qui avait fait de Boyer son dauphin politique. Marc Demers a pris sa retraite en 2021, et son dauphin, Stéphane Boyer, a été élu à la tête du Mouvement Lavallois. Pourtant, ce dernier, qui se présentait comme le renouveau politique à Laval, se retrouve désormais au cœur d’un scandale rappelant les dérives de l’ère Vaillancourt.

À quelques mois des élections municipales de novembre 2025, cette affaire pourrait bien sceller la fin du Mouvement Lavallois après trois mandats.

Une enquête déclenchée par Parti Laval en 2019

Le scandale trouve son origine en novembre 2019, lorsqu’un représentant du Parti Laval, une des oppositions à l’hôtel de ville, dépose une plainte officielle auprès du DGEQ. L’objet de la plainte : des dépenses électorales illégales effectuées par le Mouvement Lavallois lors de l’élection partielle dans Marc-Aurèle-Fortin, où Bruni Surin était candidat.

L’enquête de 5 années a révélé que des publicités électorales partisanes avaient été financées avec des fonds municipaux, mêlant les couleurs du Mouvement Lavallois, le logo de la Ville de Laval et des slogans électoraux. Or, ces dépenses n’ont jamais été comptabilisées dans le bilan financier du parti, constituant une manœuvre électorale frauduleuse permettant de contourner le plafond des dépenses autorisées.

« C’est une violation claire des règles électorales et un abus flagrant de l’argent des citoyens. Ces pratiques doivent cesser immédiatement et le maire Boyer doit rembourser chaque dollar détourné. »Claude Larochelle, chef par intérim de Parti Laval

Pas de poursuites envers le Mouvement Lavallois

Malgré l’enquête du DGEQ, le Mouvement Lavallois, selon le Parti Laval, a continué à utiliser ces fonds publics pour des publicités partisanes après la plainte en 2019. Entre 2023 et 2024 un total de 64 502,43 $ a été recensé par le Parti Laval, dont 7 271,02 $ ont été dépensés après une mise en garde formelle du DGEQ en octobre 2024, ce qui démontre selon eux une violation répétée des règles.

Comme le suggère l’objet de la lettre – Mise en garde – Dépenses électorales – le DGEQ n’entamera aucune poursuite pénale contre le Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer. «Nous sollicitons toutefois votre collaboration et votre plus grande diligence afin que les règles encadrant les dépenses électorales soient à l’avenir respectées», écrit l’avocate au dossier à la Direction des affaires juridiques et des enquêtes du DGEQ.

Précisons que 2 des 3 manquements à la LERM rendaient passibles le parti, que dirigeait Marc Demers au moment des infractions, et son agent officiel d’une amende allant de 5000 à 20 000 $.

Dans une lettre courriellée au plaignant Michel Trottier, le 29 octobre 2024, le DGEQ l’informait de «la décision de procéder à la fermeture du présent dossier sans porter le tout devant la cour».

Sans en révéler les conclusions de l’enquête, on justifie cette décision par le fait qu’en matière pénale, le fardeau de preuve requiert la présentation d’une preuve hors de tout doute raisonnable de la commission de l’infraction reprochée.

[…] la preuve recueillie au cours de l’enquête soutient l’admissibilité de moyens de défense qui pourraient valablement être opposés à la poursuite devant le tribunal, écartant ainsi toute perspective raisonnable d’obtenir une déclaration de culpabilité.»

Le DGEQ ajoute qu’«en tant que poursuivant public, il demeure de notre responsabilité d’utiliser les ressources judiciaires limitées de manière judicieuse et conséquente, tout en prenant en considération la perspective raisonnable de condamnation et l’intérêt public d’intenter une poursuite».

Manoeuvres électorales frauduleuses: la plainte contre le Mouvement lavallois était fondée Stéphane St-Amour, Courrier Laval, 16 février 2025

Le silence troublant de Boyer et la colère citoyenne

Depuis la publication du reportage de TVA Nouvelles signé par Kevin Crane-Desmarais, ni le maire Stéphane Boyer ni son équipe n’ont réagi publiquement, alimentant ainsi les spéculations quant à une possible démission et la fin du règne de son parti le Mouvement Lavallois. L’opposition et les citoyens réclament des comptes face à cette situation.

Ce silence assourdissant ne fait qu’alimenter les spéculations sur une possible démission du maire, alors que l’opposition et la population réclament des comptes.

Dans un article du Courrier Laval le 16 février la réponse officielle refait surface une déclaration officielle sans commentaire supplémentaire.


Appelé à commenter, le cabinet du maire Stéphane Boyer a fait suivre cette déclaration officielle:
«À l’époque, toutes ces publicités ont été autorisées par le représentant du DGEQ [le trésorier de la Ville], confirmant ainsi leur conformité à la réglementation. Ces publicités étaient non partisanes et sans lien avec l’élection partielle de 2019 lorsque M. Demers était maire. Cinq ans plus tard, le DGEQ revient sur la décision de son représentant et précise son interprétation de la loi. Il a le pouvoir d’engager des poursuites et d’exiger un remboursement en cas de jugement défavorable, ce qu’il ne fait pas.»

Manoeuvres électorales frauduleuses: la plainte contre le Mouvement lavallois était fondée Stéphane St-Amour, Courrier Laval, 16 février 2025

Un ancien ministre des Affaires municipales, interrogé sur la situation par TVA Nouvelles, s’est montré très critique envers la réponse et les actions du Mouvement Lavallois, qu’il juge « indéfendables »

L’ancien ministre des Affaires municipales, Rémy Trudel, se montre critique à l’égard du Mouvement lavallois. «Le trésorier, ce n’est pas lui qui détient la vérité, c’est le DGE. Il y a des choses qui ne sont pas défendables. C’est indéfendable ça», dit Rémy Trudel en entrevue à TVA Nouvelles.

Parti de l’ex-maire Marc Demers: pas de poursuite pénale après des manoeuvres électorales frauduleuses

Une plainte datant de 2019

Parti Laval à l’origine de la plainte déposée en 2019 auprès du DGEQ, a vivement réagi en dénonçant un abus systémique des fonds publics.

« L’utilisation de fonds publics par le Parti du maire Stéphane Boyer pour de la publicité partisane est tout simplement inacceptable. Notre plainte de 2019 dénonçait déjà ces pratiques, et aujourd’hui, le DGEQ confirme que ces dépenses étaient bel et bien frauduleuses. C’est du sérieux ! »Claude Larochelle, chef par intérim de Parti Laval

L’opposition exige désormais le remboursement des fonds municipaux détournés depuis 2019. Pour rappel seulement entre 2023 et 2024, ce montant totalisait plus de 64 500 $ en publicités partisanes financées avec l’argent des contribuables.

« Ce qui est encore plus choquant et inacceptable, c’est que malgré la conclusion du DGEQ, le maire Boyer a continué de puiser dans les fonds publics pour faire sa propre promotion et celle de son parti. Après un avertissement clair du DGEQ, c’est encore plus de 7 000 $ qui ont été détournés ! Ça doit cesser immédiatement. »Claude Larochelle, chef par intérim de Parti Laval

L’activiste bien connu Pierre Anthian, souvent surnommé l’irréductible Lavallois, a réagi dans les premières heures suivant la publication de l’enquête, dénonçant un abus de pouvoir digne de l’ère Vaillancourt:

« Comme le dit le DGEQ lui-même : Il y a des choses qui ne sont pas défendables. C’est indéfendable, ça ! »Pierre Anthian, ex-conseiller municipal et militant

Frédéric Mayer, docteur en administration publique et candidat déclaré à la mairie sous la bannière d’Action Laval, a également réagi en fustigeant l’absence de réponse du maire Boyer :

« L’absence de réponse du dauphin de Demers est inquiétante, d’autant plus que son administration ne brille pas par la transparence. Malgré les nombreux avertissements, le maire et son parti persistent dans cette direction sans prendre acte des conséquences, comme nous le voyons dans le dossier de Monsieur Warnet que le maire maintient dans son rôle au sein du comité exécutif. » Frédéric Mayer, docteur en administration publique et candidat à la mairie pour Action Laval

M. Mayer cible également la stratégie du maire Boyer de se déresponsabiliser :

« Le maire doit cesser de se cacher derrière le service des finances de la ville, qui n’a aucun rôle à jouer dans ce dossier. C’est le maire et son parti qui doivent répondre de leurs décisions face au DGEQ. C’est le devoir du maire de protéger les institutions démocratiques de la ville. » Frédéric Mayer, docteur en administration publique et candidat à la mairie pour Action Laval

Cette affaire survient alors que l’administration Boyer est déjà fragilisée par d’autres controverses. En septembre 2024, le conseiller municipal Alexandre Warnet, élu de Laval-des-Rapides sous la bannière Mouvement Lavallois, avait utilisé des fonds publics pour financer une formation de coaching professionnel d’un montant de 5 820,61 $.

Après de vives critiques, Warnet avait été contraint de rembourser la somme en septembre 2024, mais le maire Boyer l’avait maintenu au sein du comité exécutif malgré la controverse.

La « machine à saucisses » qui ne fait pas de saucisses : Boyer face à la grogne des cols bleus

Au-delà des controverses financières, le climat social au sein de la Ville de Laval se serait détérioré sous l’administration Boyer, selon des travailleurs. Des cols bleus interrogés par Média Laval ont estimé que les relations de travail s’étaient dégradées, alimentant un sentiment de frustration et de mépris, en partie dû à la régression des conditions de travail liées à la négociation de la convention collective. Le 5 novembre 2024, des centaines de cols bleus lavallois ont manifesté devant l’hôtel de ville, dénonçant l’absence de convention collective depuis 2021 et exprimant leur colère envers le maire Boyer. Lors d’une entrevue avec Maxime Bergeron, publiée dans La Presse, Stéphane Boyer avait comparé l’administration municipale de Laval à une « machine à saucisses qui n’est pas capable de faire des saucisses », suggérant l’inefficacité de la Ville. Suite à la manifestation, le maire s’était excusé lors du conseil municipal, plaidant le malentendu.

« Si la machine à saucisses n’est pas capable de faire des saucisses, arrêtons de penser à faire des gâteaux. » – Stéphane Boyer, cité par Maxime Bergeron, La Presse

Ces propos ont été très mal accueillis par les cols bleus à l’époque et d’autres employés municipaux, qui ont perçu cette déclaration comme un manque de respect flagrant. Depuis cette sortie du maire, la grogne syndicale n’a cessé de croître.

« Quand tu travailles sans convention depuis 2021, avec un maire qui nous compare à une machine à saucisses (inefficace), comment veux-tu ne pas être frustré ? » – Un col bleu, interrogé par Média Laval

Rappel du passé

La situation rappelle les scandales de l’ancienne administration de Gilles Vaillancourt, où l’argent des contribuables avait été détourné pour des fins politiques. Pourtant, le Mouvement Lavallois, qui avait promis une gouvernance transparente après 2013, semble être tombé dans les mêmes travers.

L’histoire est loin d’être terminée, et l’opposition entend poursuivre ses démarches pour forcer le maire Boyer et son parti à rendre des comptes.

Pour toute information nouvelle: redcation@mclmedia.ca

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Alberto Georgian Mihut - Rédacteur en chef
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