Publicité sponsorisée par la députée Virginie Dufour, Mille-Îles, et Sona Lakhoyan Olivier, députée de Chomedey
ActualitésPolitique

Scandale des dépenses partisanes à Laval : Parti Laval exige des excuses et un remboursement du Mouvement Lavallois, le maire Boyer maintient le silence

Stéphane Boyer maire de Laval Source TVA Nouvelles

Un silence qui alimente les tensions

Exactement une semaine après la diffusion du reportage de TVA Nouvelles le 14 février, signé Kevin Crane-Desmarais, qui a révélé que le Mouvement Lavallois – Équipe Stéphane Boyer avait utilisé des fonds publics pour financer des publicités partisanes, le Parti Laval, à l’origine de la plainte déposée en 2019 auprès du DGEQ, a demandé le remboursement des sommes jugées illégales ainsi que des excuses du maire Stéphane Boyer.

Malgré l’ampleur des révélations, aucun commentaire à part une réponse officielle a été émis par le maire ni par son cabinet. Depuis la publication du rapport du DGEQ, Stéphane Boyer a continué à publier sur divers sujets sur ses plateformes en ligne, mais n’a fait aucune mention des accusations portées contre son parti. Ce silence n’a pas échappé aux observateurs politiques, qui y voient une tension croissante alors que le parti au pouvoir est directement pointé du doigt pour des manœuvres électorales frauduleuses.

Dans une publication diffusée sur sa page Facebook le 18 février 2025, Parti Laval a interpellé directement le maire et son équipe, dénonçant l’absence de réaction et réclamant des explications publiques.

« On y voit bien que le cabinet du maire Boyer se cache derrière les fonctionnaires de la ville et demeure silencieux🫢 suite aux conclusions du Directeur général des élections du Québec (DGEQ). En plus de rembourser la population, nous demandons que le maire Stéphane Boyer s’excuse et s’explique dans les plus brefs délais!»Publication Facebook de Parti Laval, 18 février 2025

L’opposition municipale demande le remboursement immédiat des fonds publics utilisés à des fins partisanes, qui s’élèvent à plus de 64 500 $ entre 2023 et 2024, dont 7 271 $ ont été dépensés après un avertissement formel du DGEQ en décembre 2024.

Parmi ceux qui demandent des comptes, l’activiste Pierre Anthian, surnommé par certains citoyens « l’irréductible Lavallois », a établi un parallèle avec l’affaire Alexandre Warnet, son concurrent à Laval-Des-Rapides, où il a lui-même été conseiller municipal de 2013 à 2017.

En septembre 2024, une enquête de TVA Nouvelles avait révélé que Alexandre Warnet, conseiller municipal de Laval-Des-Rapides sous la bannière du Mouvement Lavallois, avait fait rembourser par la Ville de Laval une formation professionnelle suivie en juin 2023. Le montant remboursé, soit 5 800 $, provenait des fonds publics, alors que la formation semblait être destinée à être utilisée dans l’entreprise de coaching privé « Équinoxe Coaching », dont Warnet était co-propriétaire avec son conjoint.

Face à la controverse, le maire Boyer avait alors demandé à l’élu Alexandre Warnet de rembourser les sommes concernées.

« On se souviendra que le maire a demandé à Alexandre Warnet de rembourser à la Ville des fonds publics mal utilisés. Maintenant, pour être cohérent et suite à ces ‘manœuvres électorales frauduleuses’ condamnées par le DGEQ, le parti de Stéphane Boyer doit rembourser ces 64 500 $, en les remettant dans le fonds Place du Souvenir, financé par les sommes détournées et issues de différentes malversations dont a été victime Laval ces dernières années. »Pierre Anthian

Une proposition rejetée en 2022 et des engagements non tenus

Pour rappel ce n’est pas la première fois que le Parti Laval soulève la question des dépenses municipales à des fins partisanes.

En décembre 2021, le chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, élu de Fabreville, avait déposé une proposition visant à clarifier la réglementation sur la publicité des élus municipaux pour éviter toute ambiguïté.

La proposition comprenait :
L’interdiction de l’utilisation de fonds publics à des fins partisanes
L’établissement de normes graphiques officielles pour la publicité des conseillers municipaux
L’obligation d’uniformiser l’utilisation des couleurs et logos municipaux pour distinguer la Ville des partis politiques

Cette proposition avait été rejetée par le Mouvement Lavallois en janvier 2022. Un élu du parti (nom à confirmer) avait alors déclaré publiquement que leur parti était en parfaite conformité et que s’il y avait une irrégularité, il y aurait un remboursement.

À l’époque, Yannick Langlois et Pierre Brabant, élus du Mouvement Lavallois, s’étaient fermement opposés à une telle mesure, assurant que les règles en place étaient déjà adaptées pour garantir la conformité avec la loi et les exigences du DGEQ.

« Si une erreur se glisse dans le contenu, ben c’est le parti qui paie les dépenses. »Yannick Langlois, conseiller de L’orée des Bois et membre du Mouvement Lavallois, janvier 2022

M. Langlois avait insisté sur le fait que le règlement en vigueur respectait les normes établies et que toute irrégularité donnerait lieu à un remboursement immédiat.

De son côté, Pierre Brabant avait exprimé son opposition en affirmant que modifier le règlement était inutile et ne bénéficierait pas aux citoyens.

« Ce qui est clair dans mon esprit, c’est qu’autant dans notre équipe qu’autant pour l’ensemble des élus, à mon avis, nous respectons les règles de ce règlement et que le règlement est bien construit et bien appliqué. Il faut faire attention pour ne pas laisser entrevoir ou percevoir autre chose que la réalité : les règles sont bien appliquées par le service des finances. Je ne vois pas ce que les citoyens auraient à gagner qu’on demande à notre équipe d’avocats de changer un règlement qui fonctionne et qui est appliqué pour quelque chose qui n’aurait pas d’impact dans leurs vies. »Pierre Brabant, conseiller de Vimont et membre du Mouvement Lavallois, janvier 2022

Des engagements mis à l’épreuve des faits

À la lumière des conclusions du DGEQ, ces déclarations prennent une tout autre signification. Les faits révèlent aujourd’hui que les pratiques du Mouvement Lavallois – Équipe Stéphane Boyer ont bel et bien enfreint la réglementation municipale et la loi électorale.

Face à ces éléments, Parti Laval exhorte désormais le maire de Laval et son parti à respecter les engagements pris en 2022 et à rembourser les sommes concernées.

Une couverture médiatique limitée et des suppositions sur les raisons du silence

Si l’affaire a été largement couverte par TVA Nouvelles et le Journal de Montréal, certains observateurs s’étonnent du silence d’autres médias d’envergure, notamment La Presse, qui n’a pas rapporté les faits.

Sans s’avancer sur les raisons exactes de cette absence de couverture, un observateur politique contacté par Média Laval suppose que cette discrétion médiatique pourrait être liée à une volonté de préserver la carrière politique de Stéphane Boyer. Il ajoute que l’abondance de nouvelles liées à Donald Trump pourrait avoir contribué à faire passer cette controverse municipale sous le radar.

Ces hypothèses restent toutefois des suppositions et ne peuvent être confirmées.

Un conseil municipal sous tension en mars : plusieurs scénarios possibles

Alors que le maire n’a toujours pas pris la parole sur ce dossier, le prochain conseil municipal de mars pourrait être sous tension. Les élus de Parti Laval pourraient interpeller directement le maire et l’obliger à se prononcer publiquement sur les conclusions du DGEQ.

Selon plusieurs observateurs proche du milieu municipal préférant garder l’anonymat, plusieurs scénarios sont possibles selon eux :

  • Une négation en bloc : Le maire pourrait minimiser les conclusions du DGEQ, affirmant que le DGEQ été revenu sur ces conclusions précédentes.
  • Des excuses publiques: Le maire pourrait opter pour des excuses publiques pour sa formation tout en affirmant qu’il ‘était pas au courant des pratiques au sein de son propre parti.
  • Une tentative de rejet sur l’administration précédente : Boyer pourrait répliquer que ces décisions ont été prises sous Marc Demers, bien que selon Parti Laval ces pratiques ont perduré sous sa direction.
  • Un scénario improbable mais pas impossible : une démission : Après 11 ans en politique municipale, Boyer pourrait choisir de quitter ses fonctions pour éviter une crise prolongée.
  • Une stratégie d’attente : «Laisser la poussière retomber», éviter toute sortie publique sur le sujet et donner des réponses vagues aux élus et aux journalistes.

Pour rappel le 7 avril 2021, selon Élections Québec, Stéphane Boyer devient officiellement chef du Mouvement Lavallois – Équipe Stéphane Boyer, succédant à Marc Demers. Précédemment il était élu sous la bannière du même parti depuis 2013. Il semble donc difficile pour lui d’écarter toute responsabilité sur des décisions prises alors qu’il est chef de la formation politique depuis 2021 ainsi qu’il a été vice-président du comité exécutif de juin 2018 .

author avatar
Média Laval
Afficher plus