Langue française : un rapport attendu depuis 3 ans enfin déposé au conseil municipal de Laval

Après plus de trois ans d’attente, le rapport du comité ad hoc sur la langue française a été officiellement déposé au conseil municipal lors de la séance du 8 juillet. Ce rapport, fruit d’un long processus entamé en 2022, propose plusieurs recommandations visant à valoriser l’usage du français à Laval. La principale : la création d’un poste de commissaire à la langue française chargé d’assurer le suivi d’un futur plan d’action municipal.

Le chef de Parti Laval, Claude Larochelle, conseiller municipal de Fabreville, également instigateur du comité, a déposé une proposition formelle pour que cette recommandation soit mise en œuvre sans délai. Il souhaite que le conseil municipal adopte cette résolution lors de sa séance du 12 août prochain.
« Après plus de 3 ans d’attente, je souligne l’importance d’agir concrètement et rapidement pour la valorisation du français à Laval », a-t-il déclaré par voie de communiqué. « Nous avons un excellent rapport, maintenant, il faut agir avec célérité. »
Des retards dénoncés
M. Larochelle n’a pas manqué de critiquer la lenteur du processus. Proposé en mai 2022, le comité n’a été formé qu’en février 2023, ses premières nominations ont suivi en septembre, et ce n’est qu’en janvier 2024 que les travaux ont officiellement commencé.
Selon lui, ce retard témoigne d’un manque de leadership de l’administration Boyer sur la question linguistique. « On soulignait déjà, en 2022, l’urgence d’agir. Aujourd’hui, c’est encore plus vrai », a-t-il insisté, appelant à ce que la Ville adopte une résolution concrète pour créer le poste de commissaire et lancer le plan d’action recommandé.
Portrait linguistique préoccupant
Le rapport du comité brosse un portrait nuancé de la situation linguistique lavalloise. Bien que le français demeure la langue commune, son usage s’est affaibli au fil des années dans certains quartiers, notamment à Chomedey, et chez certains groupes comme les jeunes et les personnes immigrantes nouvellement arrivées.
Quelques chiffres clés :
- La proportion de la population parlant français à Laval est passée de 95 % en 2001 à 92 % en 2021.
- Le français est régulièrement utilisé à la maison par 76 % des résidents (84 % en 2001).
- Dans Chomedey, 45 % de la population est immigrante, et seulement 72 % de ces personnes peuvent soutenir une conversation en français.
- 91 % des Lavallois utilisent le français au travail, mais ce taux est en baisse depuis 2016.
Le rapport recommande notamment la mise en place de mesures par quartier, la création d’un conseil jeunesse pour la valorisation du français, et un soutien accru au milieu communautaire et culturel.
Neuf recommandations structurantes
Le comité, formé de citoyen·ne·s, expert·e·s et représentant·e·s du milieu culturel et communautaire, a formulé neuf recommandations, dont :
- La création d’un poste de commissaire à la langue française (R1)
- L’élaboration d’un plan d’action municipal en faveur du français (R3)
- Le soutien accru au milieu communautaire et culturel pour promouvoir le français (R4 et R5)
- Des actions de sensibilisation, notamment auprès du personnel municipal et des partenaires contractuels (R7 et R8)
Une attention particulière est portée à la notion de sécurité linguistique, afin de ne pas marginaliser les personnes en apprentissage du français.
Un débat attendu en août
La proposition officielle de Claude Larochelle visant à créer le poste de commissaire sera débattue lors du conseil municipal du 12 août 2025. L’administration municipale s’est déjà engagée, dans un communiqué daté du 7 juillet, à travailler sur un plan d’action et une campagne de valorisation du français.
En attendant, Claude Larochelle appelle à ce que la Ville dépasse les engagements symboliques :
« Le vrai changement ne se fait pas qu’au micro ou devant les caméras. Lorsqu’un enjeu nous tient à cœur, il faut en parler, et il faut agir pour de vrai. »