Frédéric Mayer, docteur en administration, devient le deuxième candidat d’envergure à annoncer sa candidature à la mairie de Laval
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Le 29 janvier dernier, le maire Stéphane Boyer dévoilait son intention de solliciter un deuxième mandat à la mairie de Laval. Son parti, le Mouvement lavallois, dirige la Ville depuis 2013 : d’abord sous la gouverne de Marc Demers, puis sous celle de M. Boyer à partir de 2021, alors qu’il était devenu le « dauphin » de son prédécesseur. Aujourd’hui, c’est au tour d’Action Laval, une des principales formations d’opposition, de présenter son candidat pour le scrutin du 2 novembre 2025.
Le 12 février, lors d’une conférence de presse au centre de congrès Palace, Action Laval a officialisé la candidature de Frédéric Mayer, un professeur réputé dans le milieu politique. Entouré de membres et d’élus de son parti, M. Mayer a expliqué ce qui l’a poussé à sortir de l’ombre pour mener la bataille électorale. Il dit avoir longtemps hésité, mais pointe du doigt la « mauvaise gestion » de la tempête Debby, survenue le 9 août dernier, et l’endettement grandissant de la Ville lequel serait passé, selon lui, de 100 à 200 millions de dollars annuellement en service de la dette comme des facteurs déterminants dans sa décision. « L’administration actuelle a perdu le contrôle des finances », a-t-il lancé avec assurance à un journaliste de Média Laval, se disant prêt à relever les défis de gouvernance qui attendent Laval.
Le parcours d’un stratège politique lavallois
Même s’il fait la manchette aujourd’hui, Frédéric Mayer n’est pas un inconnu dans les milieux politiques. Professeur et docteur en administration publique, il est reconnu pour avoir contribué à diverses campagnes électorales dans les coulisses.
Selon un communiqué de presse fourni par Action Laval, Frédéric Mayer est né dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul, à Laval, où il a passé son enfance à pratiquer divers sports au Centre de la nature et au Colisée de Laval (alors appelé Centre sportif Laval). À l’aube de sa vie adulte, il a habité le secteur de Sainte-Rose avant de vivre quatre ans en Chine. De retour au Québec, il a fait ses premiers pas en politique en travaillant comme adjoint à un député fédéral, puis s’est établi avec sa conjointe à Auteuil pour y fonder sa famille.
Sur le plan académique, M. Mayer détient une maîtrise en gestion des relations internationales, au cours de laquelle il a rédigé un mémoire portant sur les relations entre les provinces canadiennes et la Chine. Il possède également une expérience professionnelle diversifiée, ayant œuvré pour Services Canada et Élections Canada. En 2009, il s’est impliqué dans la création du Mouvement lavallois aux côtés de David De Cotis, dont il deviendra le directeur du bureau des élus de 2014 à 2016.
Souhaitant approfondir ses connaissances, Frédéric Mayer a entrepris un doctorat en administration publique, qu’il a complété en 2020. Ses recherches portaient notamment sur les moyens non coercitifs permettant d’influencer d’autres états, un champ d’étude qui lui a permis d’affiner sa compréhension des dynamiques politiques et internationales.
Durant cette période, il a rejoint Nanogrande, une jeune entreprise spécialisée dans la fabrication additive (impression 3D), où il a pu mettre à profit ses compétences en gestion et en stratégie.
En 2021, à la suite du départ de David De Cotis du Mouvement lavallois, M. Mayer a été sollicité pour organiser la campagne d’Action Laval, dont il est aujourd’hui le directeur adjoint au cabinet.
Récemment, en tant que porte-parole d’Action Laval, on pouvait le voir sur le terrain lors de divers événements et à travers les résumés des conseils municipaux réalisés chaque mois.
Priorités : finances, infrastructures et gouvernance
Au cœur de la conférence de presse, Frédéric Mayer a insisté sur l’urgence de mettre fin à ce qu’il qualifie d’« improvisation » à l’hôtel de ville. Il propose la création d’une commission des finances multipartite, destinée à inclure tous les conseillers municipaux, peu importe leur formation politique. Cette approche, qu’il qualifie de collégiale et transparente, permettrait de faire l’état précis des finances de la Ville et de mieux répartir les ressources là où elles sont le plus nécessaires.
Finances : contrôler la hausse du budget et de la dette
Le candidat critique notamment l’orientation budgétaire de l’administration actuelle, citant en exemple la construction d’une nouvelle bibliothèque et infrastructure culturelle évaluée à 180 millions de dollars, qu’il considère trop coûteuse compte tenu d’autres priorités urgentes. Selon lui, le budget de Laval aurait augmenté de 33 % (soit environ 310 millions de dollars) et l’endettement se serait accru de 80 % sous l’équipe en place. Frédéric Mayer affirme qu’avant d’engager des dépenses majeures, il faut d’abord stabiliser la situation financière et s’assurer que chaque investissement réponde à des besoins essentiels.
Infrastructures et environnement : moderniser pour mieux protéger
M. Mayer insiste sur l’importance d’investir 620 millions de dollars sur cinq ans dans l’entretien et la mise à niveau des infrastructures, à commencer par le réseau d’égouts. Ce dernier, selon lui, doit être impérativement modernisé pour prévenir les débordements constatés lors d’événements météorologiques violents comme la tempête Debby. Il rappelle également qu’en cas de fortes pluies, les surverses d’égouts peuvent être déversées dans la rivière, posant un réel enjeu de pollution et de santé publique.
Le candidat souhaite aussi poser les bases d’un deuxième hôpital à Laval, estimant que la Cité-de-la-Santé est déjà en surcapacité. Pour lui, la ville doit planifier des installations de santé adéquates si elle souhaite accueillir de nouveaux résidents de façon responsable.
Préparer Laval à accueillir 40 000 nouveaux logements
Frédéric Mayer souligne par ailleurs que l’administration sortante prévoit la construction de 40 000 logements supplémentaires. Or, selon lui, un tel projet doit être précédé par un renforcement adéquat des infrastructures afin d’éviter une pression trop élevée sur les services existants. C’est en ce sens qu’il juge prioritaire de mettre à niveau les réseaux d’eau et d’égouts, non seulement pour répondre aux normes environnementales, mais aussi pour offrir aux futurs résidents une qualité de vie acceptable.
Transports et mobilité : soutenir le prolongement de la ligne orange
Sur le front du transport, Frédéric Mayer se dit favorable, tout comme son principal adversaire Stéphane Boyer, à l’extension de la ligne orange du métro jusqu’à Laval. Il voit dans cette mesure un moyen efficace d’améliorer la mobilité, de désengorger les routes et de faciliter les déplacements vers Montréal pour les travailleurs et les étudiants.
Gestion des projets : réévaluer plutôt qu’annuler
Enfin, le candidat précise qu’il ne souhaite pas annuler les projets déjà lancés par l’administration en place. Il préfère plutôt les réévaluer via la commission des finances afin de déterminer lesquels sont vraiment essentiels et lesquels pourraient être réorientés, voire reportés, si les finances de la Ville ne permettent pas de les réaliser de manière responsable.
Une lutte électorale qui s’annonce serré
Le 2 novembre 2025, Laval sera le théâtre d’un scrutin crucial où rien n’est joué d’avance. Certes, Stéphane Boyer, maire depuis 2021, jouit d’une popularité locale certaine. Un sondage Léger Marketing réalisé pour le compte du Mouvement lavallois, auprès de 500 Lavallois, indique que 58 % des répondants se disent satisfaits ou très satisfaits de son travail, contre 28 % d’insatisfaits. Pourtant, l’expérience récente nous enseigne que des candidatures émergentes peuvent bouleverser les pronostics, comme ce fut le cas à Longueuil en 2021 avec la victoire de Catherine Fournier, dont l’ascension n’était initialement pas prévue sur les radars.
Il est à noter qu’en 2021, M. Boyer avait recueilli 41,5 % des voix, mais dans un contexte de faible participation : seulement 28,3 % des électeurs se sont prévalus de leur droit de vote, un record d’abstention dans l’histoire de Laval. Or, depuis la tempête Debby et au vu des négociations en cours avec les cols bleus et la Fraternité des policiers de Laval, la grogne semble de plus en plus présente sur le terrain, ce qui pourrait rebattre les cartes.
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Par ailleurs, les résultats diffèrent lorsque l’on s’intéresse à l’échelle provinciale. Selon le Baromètre des personnalités politiques au Québec – 2024, publié par Léger/Québecor, le portrait de M. Boyer se fait plus nuancé : il obtient un score d’appréciation de 3, avec seulement 9 % des répondants qui ont une bonne opinion de lui, 6 % qui en ont une mauvaise et 85 % qui affirment ne pas le connaître. Cette disparité illustre à la fois la solidité de sa base locale et sa notoriété limitée à l’extérieur de Laval. Dans un tel contexte, la course à la mairie promet d’être imprévisible, d’autant plus que la politique municipale réserve souvent son lot de surprises
Parallèlement, Action Laval a connu sa part de remous. Le parti, qui comptait cinq élus, a perdu une conseillère fondatrice par sa démission surprise au conseil municipal de février et expulsé l’année passée le conseiller Paolo Galati, visé par la Commission municipale du Québec (CMQ) pour des dépenses jugées excessives. Aujourd’hui, il ne reste plus que trois élus sous la bannière d’Action Laval : David De Cotis, Saint-Bruno, Isabelle Piché, Saint-François et Achille Cifelli, Val-des-Arbres. Interrogé lors de la conférence de presse par un journaliste du Courrier Laval, Frédéric Mayer a précisé qu’il ne deviendra pas chef du parti : ce rôle demeure celui de M. Cifelli. M. Mayer sera uniquement candidat à la mairie, tandis que M. Cifelli continuera à assurer le leadership de l’équipe au sein d’Action Laval.
Rendez-vous le 2 novembre 2025
Avec le Mouvement lavallois au pouvoir depuis 2013, d’abord sous Marc Demers jusqu’en 2021, puis Stéphane Boyer, la grande question est de savoir si les citoyens de Laval voudront poursuivre sur cette lancée ou opter pour un nouveau visage, celui de Frédéric Mayer ou d’autres candidats qui s’annonceront. Les enjeux de la dette, de la gestion municipale et du développement urbain joueront sans aucun doute un rôle déterminant dans la décision des électeurs.
Le 2 novembre 2025, les Lavallois trancheront sur la direction qu’ils souhaitent donner à leur ville.
Entrevue exclusive avec Frédéric Mayer juste après l’annonce de sa candidature.