Budget 2025 : Le maire Boyer gèle les effectifs et limite la taxation à 1,9 % malgré un contexte inflationniste
Laval toujours en pleine effervescence urbaine, continue d’investir massivement dans des projets structurants qui redessineront son centre-ville. La construction de la bibliothèque centrale, le réaménagement du Carré Laval, le nouveau centre aquatique et bien d’autres initiatives témoignent de l’ambition de la métropole régionale. Ces réalisations s’accompagnent toutefois de dépenses toujours plus élevées, suscitant des questions sur la gestion financière et l’équilibre entre grands projets, services de proximité et impacts sur le fardeau fiscal des citoyens.
C’est dans ce contexte que l’administration du maire Stéphane Boyer a présenté le budget 2025, un exercice financier attendu, qui devra concilier les objectifs de développement durable, de maintien de la qualité de vie et de contrôle des coûts dans une ville en pleine expansion.
Lors d’une séance extraordinaire tenue le 4 décembre 2024, la Ville de Laval a adopté son budget pour l’année 2025, s’élevant à 1,23 milliard de dollars. L’administration du maire Stéphane Boyer a choisi de limiter la hausse de la taxation générale à 1,9 %, l’une des plus basses parmi les grandes villes québécoises, et de geler les effectifs pour maîtriser les dépenses. Ce budget, selon le maire, vise à réduire la pression financière sur les citoyens tout en préservant la cote de crédit AA+ de la ville.
Réaction du maire Stéphane Boyer
Le maire Boyer a défendu ce budget comme un exercice rigoureux et responsable :
« Face à la pression financière avec laquelle la population lavalloise doit composer quotidiennement, nous avons agi de façon responsable et efficace. […] C’est grâce à cette gestion rigoureuse des finances que la Ville demeure dans une excellente posture financière. »
Des économies de 9,6 millions de dollars ont été réalisées grâce à des rationalisations, et 43,3 millions de dollars seront investis au paiement comptant des immobilisations pour limiter l’endettement à long terme.
Diversification des revenus
Pour diminuer la dépendance aux taxes foncières, la Ville a introduit des mesures générant 13 millions de dollars de revenus non fonciers, notamment :
- Hausse des taxes sur les terrains vagues non desservis et les surfaces minéralisées.
- Indexation des tarifs pour la disposition de la neige.
- Redevance agricole pour encourager l’exploitation des terres non cultivées.
Investissements majeurs
Le budget 2025 inclut des investissements significatifs, dont :
- 245,2 millions de dollars pour la sécurité publique.
- 130,1 millions de dollars pour les loisirs et la culture.
- 2,4 millions de dollars pour la mise en service du Complexe aquatique et de l’Espace citoyen des Confluents.
Réactions des oppositions : des critiques virulentes contre l’administration Boyer
Parti Laval : Un budget trompeur et des priorités mal ciblées
Claude Larochelle, conseiller de Fabreville et chef intérimaire de Parti Laval, ainsi que Louise Lortie, conseillère de Marc-Aurèle-Fortin, ont vivement dénoncé ce budget, qualifié de « dissimulant l’impact réel sur les citoyens ». Ils reprochent à l’administration Boyer un manque de transparence et une mauvaise gestion des priorités.
« L’administration Boyer priorise les gros projets électoralistes au détriment des besoins réels des citoyens. Les augmentations annoncées de 1,9 % cachent en réalité une pression fiscale qui s’élève à 6,2 % pour les résidences unifamiliales, notamment avec des taxes additionnelles sur l’immatriculation des véhicules. Les contribuables méritent plus d’honnêteté. »
— Claude Larochelle, chef intérimaire de Parti Laval.
M. Larochelle a également critiqué l’argument de la cote de crédit AA+ de Laval, affirmant que cette dernière a été attribuée avant l’adoption du budget et du PTI, sans refléter les impacts à long terme des choix budgétaires. Selon lui, l’augmentation des coûts du service de la dette pourrait nuire à cette évaluation lors de la prochaine révision.
Louise Lortie a, de son côté, accusé l’administration Boyer d’ignorer des problématiques essentielles :
« Alors que les citoyens s’inquiètent de la sécurité routière, de la vétusté des infrastructures et de l’adaptation aux changements climatiques, la Ville continue de consacrer des ressources à des projets de prestige. Nous avons besoin d’une gestion transparente et axée sur les besoins concrets de la population, pas de budgets qui alourdissent le fardeau fiscal. »
Action Laval : Une gestion irresponsable et des dépenses électoralistes
Achille Cifelli, chef intérimaire d’Action Laval et conseiller municipal de Val-des-Arbres, a dénoncé ce qu’il a qualifié de « budget électoraliste » et « dangereux pour l’avenir financier de Laval ». Il a souligné l’augmentation rapide de l’endettement, qu’il attribue à des « choix déconnectés des besoins des citoyens. »
« Le maire nous présente un budget qui donne l’impression d’être rigoureux, mais en réalité, il masque des dépenses considérables et des déficits à venir. L’administration a déjà augmenté la dette de 66 %, et pourtant, les services de proximité continuent de subir des coupes. Cette gestion met en péril l’avenir financier de Laval. »
David De Cotis, conseiller municipal de Saint-Bruno et leader de l’opposition, a accentué ses critiques avec des propos marquants, accusant le maire de :
« Dépenser l’argent des Lavallois comme de l’argent de Monopoly. »
Il a également mis en lumière les projets qu’il juge non prioritaires, comme le Complexe aquatique et la Grande bibliothèque, en appelant à « une révision immédiate des priorités budgétaires » pour recentrer les ressources sur des services essentiels tels que l’entretien des infrastructures et la lutte contre les surverses.
Craintes pour l’avenir financier
Action Laval a également mis en garde contre les réserves émises par l’agence Standard and Poor’s lors de sa dernière évaluation, en insistant sur le fait que l’endettement et les projets en cours pourraient compromettre la cote AA+ de la Ville.
Ma Ville Maintenant : Une critique extérieure et tranchante
Bien que ne siégeant pas au conseil municipal, le chef du parti Ma Ville Maintenant, Pierre Anthian, considéré comme la troisième opposition à Laval, a livré une critique acerbe. Selon lui, malgré un budget passé de 700 M$ à plus de 1,23 G$ et une hausse du nombre d’employés de 3000 à 4700 en 12 ans, la Ville offrirait moins de services qu’auparavant.
« Comment Laval pouvait-elle offrir, il y a 12 ans, avec seulement 700 M$ et moins de 3000 employés, beaucoup plus de services qu’aujourd’hui avec 4700 employés et un budget 2025 de 1,23 G$ ? Quel expérience a notre maire pour gérer 4700 employés et 1,23 G$ ? Après ses études, il est devenu politicien, et son expérience professionnelle se résume à ça. »
— Pierre Anthian, chef de Ma Ville Maintenant
M. Anthian remet ainsi en question la compétence de l’administration actuelle à gérer efficacement une ville en pleine expansion, critiquant le manque d’expérience du maire Boyer.